Page:Conan - Larmes d'amour, 1897.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LARMES D’AMOUR

Deux sœurs de charité vinrent pour l’ensevelir. Quand tout fut terminé, j’entrai dans la chambre mortuaire, que les religieuses avaient ornée avec un soin pieux. Les fleurs y répandaient un parfum suave. M. Douglas était à genoux près du lit sur lequel Thérèse semblait dormir dans sa blanche et gracieuse parure de noces. Son voile retombait à demi sur son charmant visage, d’une pâleur transparente. Un chapelet, à grains de corail d’un rouge éclatant, était passé à son cou, et la croix brillait entre ses mains jointes. Je baisai ses douces lèvres, ses yeux fermés pour jamais, et la regardai longtemps.

Le matin des funérailles, quand vint le moment de la mettre dans son cercueil, Francis s’approcha, prit la main gauche de Thérèse, lui mit son anneau de mariage, et ensuite il l’embrassa sur les lèvres. Le jeune homme, aussi pâle qu’elle, soutint sa tête pendant que je coupais ses beaux cheveux bruns ; puis, la prenant dans ses bras, il la déposa sur le lit du repos suprême. Nous restâmes longtemps à la regarder, et ma pensée se reportait aux jours d’autrefois, alors qu’après l’avoir endormie dans mes bras et couchée sur son petit lit, je m’oubliais à la regarder dormir. Enfin, Francis releva son voile, et lentement, tenant toujours les yeux fixés sur elle, il lui couvrit le visage. Ô mon Dieu, quand je paraîtrai devant vous, souvenez-vous de ce que j’ai souffert à ce moment terrible !