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Page:Conan - Larmes d'amour, 1897.djvu/41

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LARMES D’AMOUR

Je vis ma charmante fiancée agoniser et mourir, mais, avec la foi, la résignation était entrée dans mon âme, et une paix profonde se mêla à mon inexprimable douleur. Au moment terrible, quand le prêtre prononça l’absolution suprême, je crus que la connaissance lui revenait, et me penchant sur elle, je lui dis : Thérèse, remercie Dieu, je suis catholique. Me comprit-elle ? je le crois, car son regard mourant se ranima et se tourna vers moi. Ah ! comme il doit réjouir les anges et pénétrer jusqu’à Dieu, ce chant de joie et de reconnaissance qui s’éleva de son cœur, pendant qu’elle était dans le travail de la mort.

Combien je vous remercie, madame, pour ce crucifix qui vous eût été si cher et si précieux, et que vous avez eu la générosité de me donner. Quand je le regardai, là, à côté de Thérèse morte, ce fut comme si une lumière éclatante jaillissant des plaies sacrées du Christ eût illuminé les mystérieuses profondeurs de l’éternité. Comme je la trouvai heureuse d’avoir ouvert les yeux à ces radieuses splendeurs, d’avoir vu Dieu face à face, d’être avec lui pour jamais ! Ne vous sentiez-vous pas consolée en regardant son visage, sur lequel la vision de Jésus-Christ avait laissé comme un reflet céleste de bonheur et de paix ? Si je pouvais vous dire ce que j’éprouvais pendant la messe des funérailles, la reconnaissance qui consumait mon âme, quand je pensais que sur l’autel Jésus-Christ s’immolait pour ma Thérèse ! Quelle consolation je trouvais à prier pour elle, pour elle qui a tant prié pour moi !