Page:Conan - Louis Hébert, premier colon du Canada, 1912.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

me civilisé. Partout c’était la forêt primitive, inviolée.

Champlain aimait la Nouvelle-France d’un amour incurable. Y revenir lui était toujours une grande joie. Bien des fois il avait décrit à son ami la beauté du site de Québec. Mais si cette beauté était incomparable, l’établissement était très humble, et, en débarquant sur la Pointe, Hébert n’aperçut que l’Habitation[1] et quelques cabanes sauvages. Ailleurs le cap penchait jusqu’à la grève ses bois charmants et le feuillage voilait la petite chapelle[2] bâtie au bord de l’eau dans un enfoncement.


* * *


Malgré la sécurité, la facilité relative des communications et tant d’autres avantages, la tâche du défricheur reste fort dure. Pour s’enfoncer dans la forêt, pour y faire jaillir le pain

  1. L’« Habitation » consistait en trois corps de logis, à double étage, attenant les uns aux autres. Au-dessus du premier étage régnait une galerie qui se prolongeait autour d’un préau entouré d’un solide enclos percé de meurtrières. Une tourelle carrée ou campanile, destinée probablement à servir d’observatoire, se dressait au milieu de cette place. Toute l’« Habitation » était environnée d’un fossé et d’un mur d’enceinte, flanqué de plates-formes armées de trois ou quatre canons. — L’abbé Casgrain.
  2. Cette chapelle, mère des innombrables églises du Canada, était en bois brut et avait été construite en moins d’un mois, deux ans auparavant.