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SAINT JEAN L’AUMÔNIER

tion de la charité n’était ni de son pays, ni de son époque, mais Jean a merveilleusement accompli le commandement de l’amour, et, comme un astre aux flambes éternelles, sa figure rayonne à travers l’ombre des siècles.

Il naquit à Amathonte, vers l’an 555, d’une famille noble, opulente et chrétienne. Son père, gouverneur de l’île de Chypre, lui fit donner une éducation brillante. Il rêvait pour son fils les plus hautes dignités de l’empire, mais telles n’étaient point les vues du Seigneur.

Dès ses jeunes années, Jean eut dès lors, pour tous les malheureux, une singulière compassion. Il eut voulu ne vivre que pour les soulager, mais il était l’unique héritier d’une grande famille, et la volonté de son père l’engagea de bonne heure dans le mariage.

Il y donna l’exemple des plus rares vertus. La mort de ses enfants et de sa femme lui ayant rendu sa liberté, il rompit avec les fastueuses habitudes ordinaires aux grands et se jeta à corps perdu dans la bienfaisance.

Les pauvres semblèrent devenus les propriétaires de ses biens. Lui n’en parut plus que le dispensateur.

Son nom ne tarda pas à devenir célèbre, non seulement dans sa patrie, mais encore dans les contrées environnantes ; et, à la mort du patriarche d’Alexandrie, Théodore Stribon, le peuple mit tout en œuvre pour que Jean lui succédât. On envoya une députation à l’empereur Héraclius afin d’implorer son puissant concours. L’empereur l’accorda et, malgré sa résistance, Jean fut élevé sur le siège patriarcal d’Alexandrie.

Alexandrie était alors une ville immense et fameuse où les philosophes se donnaient rendez-vous. Le courant intellectuel y était, dit-on, si fort, que les portefaix eux-mêmes s’arrêtaient sous les portiques des écoles, pour suivre les discussions du jour. Mais,