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SAINT CAMILLE DE LELLIS

mercenaires presque toujours insuffisants. Ils transformèrent les hôpitaux et se répandirent bientôt dans les villes d’Italie et dans toute la chrétienté. Leur saint fondateur leur avait donné pour règle de voir dans les malades Jésus-Christ en personne. Aussi ces religieux firent partout des prodiges de charité. Ils s’engageaient par vœu à servir les malades — même pestiférés — et, dans les temps d’épidémie, beaucoup moururent victimes de leur dévouement.

On aimera peut-être à savoir ce que saint Camille recommandait surtout à ceux qui assistent les mourants. Il voulait qu’on les exhortât discrètement et suavement à s’abandonner à Dieu, à accepter la mort en union avec Notre-Seigneur et en esprit d’expiation.

Il voulait qu’on fît demander aux mourants l’application du fruit de cette prière que Jésus-Christ fit sur la croix.

Dans les derniers moments, le saint recommandait instamment qu’on rappelât souvent aux mourants l’invocation des noms de Jésus et de Marie.

Il ordonna aussi de continuer les prières pour les agonisants quelque temps après qu’ils paraîtraient avoir rendu le dernier soupir.

Camille de Lellis parlait toujours aux malades avec une douceur toute céleste. Par ses exhortations pénétrantes, il leur inspirait la patience, la résignation, parfois même la joie de souffrir.

Il appelait les cruelles infirmités dont il souffrait des miséricordes du bon Dieu.

On l’entendait souvent dire comme saint François d’Assise :

« Le bonheur que j’espère est si grand, que toutes les peines et toutes les souffrances deviennent pour moi des sources de joie ».

Austère à lui-même jusqu’à ne se laisser que la peau et les os, il avait pour tous les malades la tendresse d’une mère. Il poussait la bonté jusqu’à faire faire de la musique auprès de ceux qui trouvaient, dans