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SAINTE ZITE

Il s’en échappait de si appétissants parfums que Zite se sentit toute réconfortée :

« Dieu soit loué ! pensa-t-elle, la signora s’est aperçue de mon absence… elle a eu une cuisinière pour me remplacer. Je serai chassée, mais ma maîtresse n’aura pas la confusion de n’avoir rien à offrir à ses convives ».

Comme elle ouvrait la porte de la cuisine, un bruit léger, charmant, frappa son oreille… C’était comme un joyeux battement d’ailes.

La sainte crut que la nouvelle cuisinière s’éventait avec son tablier et elle entra, la cherchant du regard.

Il n’y avait personne, mais le feu était allumé, les casseroles étaient dans les fourneaux et de chacune s’exhalait un fumet délicieux.

« Certes, pensa Zite, respirant cette bonne odeur de cuisine, celle qui a pris ma place n’est pas la première venue. On ne perdra rien au change ».

Elle souleva le couvercle des casseroles, goûta et, émerveillée, se dit :

« Mais cette cuisinière est bien plus habile que moi… Je ne mérite pas de laver sa vaisselle ».

Elle passa dans la salle à manger, pensant y trouver celle qui avait préparé ce merveilleux repas.

Il n’y avait personne. Mais le couvert était mis, les fruits éclatants s’élevaient en pyramides parmi les feuilles vertes, les fleurs avaient été disposées en bouquets. Un goût si délicieux, si sûr, avait présidé à tous les arrangements que la signora Fatinelli ne put retenir des cris d’admiration, quand elle entra dans la salle pour jeter un coup-d’œil sur les apprêts du festin.

« — Tout est-il prêt ? demanda-t-elle, lorsqu’elle eût repris son calme.

— Oui, madame, répondit Zite, mais cette invisible cuisinière….

— Allons, n’extravaguez pas, répliqua la dame ».

Elle fit entrer ses convives, et le souper préparé par les anges fut servi.