Page:Conan - Physionomies de saints, 1913.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
SAINTE CATHERINE DE SIENNE

bien que tu finisses par céder… tu prendras un mari ».

Rien n’ébranlait sa résolution ; rien n’altérait sa bonne humeur. Et un songe qu’elle eut vers l’âge de quinze ans, augmenta encore son courage.

Il lui sembla qu’elle voyait défiler devant elle tous les fondateurs des grands ordres monastiques. Saint Dominique passa dans sa robe blanche. Il tenait à la main un lis qui brûlait. Catherine tendit les bras vers l’austère moine qui souriant courut à elle et lui jeta sur les épaules le manteau noir des tertiaires, en l’assurant que malgré tous les obstacles, elle serait sa fille.

Le jour même, Catherine réunit son père, sa mère, ses frères et leur déclara qu’elle avait depuis longtemps fait vœu de virginité.

« — Si vous voulez me garder comme servante, je vous rendrai avec bonheur tous les services possibles, ajouta-t-elle ; mais si vous me chassez, je n’en serai pas ébranlée.

— Ma très chère fille, lui dit son père, soyez fidèle à votre vœu. Et s’adressant à sa femme et à ses fils : Sa résolution ne vient pas d’un caprice, mais d’un grand amour de Dieu. À partir de ce jour, que personne n’ose lui parler de mariage, et qu’on ne gêne en rien sa liberté ».

Catherine, ayant obtenu la permission de servir Dieu, suivant son inspiration, demanda une chambre séparée des autres où elle put se faire une solitude.

On lui donna une petite cave, dans le sous-sol de la maison, où la lumière n’arrivait que par une étroite fenêtre. La jeune fille s’y installa avec bonheur et y mit un crucifix devant lequel elle alluma une lampe.

Elle pouvait chanter comme Jacopone de Todi : « Je vais m’essayer dans une religion puissante et dure. Je vais à une grande bataille, à un grand effort, à un grand labeur. Ô Christ, que ta force m’assiste ! Je vais aimer d’amour la croix dont l’ardeur déjà