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PHYSIONOMIES DE SAINTS

pénitences et se réfugia dans la prière. « Ô la plus vile des créatures, se disait-elle, pourquoi l’attrister ?… Est-ce pour la consolation que tu as résolu de servir Dieu ? »

« Ces assauts de l’enfer se renouvelèrent avec tant de violence que se jetant contre terre, la sainte demeura longtemps prosternée, suppliant Notre-Seigneur de venir à son secours ».

Satisfait de sa fidélité, il vint la consoler : « — Où étiez-vous, Seigneur, lui demanda-t-elle, où étiez-vous quand ces affreuses tentations m’assiégeaient ?

— Dans ton cœur », répondit le Maître.

C’est vers cette époque que la sainte apprit à lire et voici comment. Elle désirait beaucoup réciter l’office divin. Un jour donc, prosternée contre terre, elle fit à Dieu cette prière : Seigneur, s’il vous est agréable que je sache lire, pour réciter l’office divin et chanter vos louanges, ayez la bonté de m’apprendre ce que je ne puis apprendre seule. Si vous ne le voulez pas, que votre volonté soit faite.

Quand elle se releva, elle pouvait lire couramment et facilement toutes les écritures même les plus difficiles.

La manière dont, plus tard, elle apprit à écrire n’est pas moins merveilleuse. Elle était à la Roccadi Tentonnano, chez une noble dame, Blanche de Salimbeni, quand, par hasard, il se trouva sous sa main, raconte Thomas de Sienne, un vase rempli de cinabre ou de minium, dont un copiste se servait pour enluminer les initiales de certains livres.

Cédant à une inspiration divine, la sainte prit la plume de l’artiste et, quoiqu’elle n’eût jamais formé aucune lettre, elle écrivit sur une feuille de parchemin, en caractères très nets et très distincts, des vers dont voici la traduction :

« Esprit saint, venez en mon cœur ; attirez-le à vous par votre puissance. Ô mon Dieu, accordez-moi la crainte et la charité. Ô Christ, préservez-moi de toute pensée coupable. Enflammez-moi de votre amour très doux et toute peine me sera légère. J’im-