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PHYSIONOMIES DE SAINTS

Grande fut sa joie en arrivant à Rome, en foulant cette terre arrosée du sang des martyrs. Elle sentait, disait-elle, ce sang bouillir encore et l’inviter à souffrir pour la gloire de Dieu et pour la sainte Église.

Le pape réunit les cardinaux et exigea que Catherine leur adressât la parole, ce qu’elle fit avec une admirable éloquence, les exhortant au courage et leur rappelant que la Providence, qui veille sur tous, veille surtout sur ceux qui souffrent pour l’Église.

Ravi de son discours, Urbain s’écria devant tous les cardinaux :

« Voyez-vous comme nous sommes méprisables de céder à la crainte. En vérité, cette petite femme nous fait honte. La faiblesse de son sexe devrait la rendre timide et voilà, au contraire, que c’est elle qui nous encourage. Qu’a donc à craindre le Vicaire de Jésus-Christ, ajouta le pontife, quand même le monde entier serait ligué contre lui ? Le Christ n’est-il pas plus puissant que le monde ? Or, il ne peut jamais abandonner son Église ».

Catherine admirait le zèle et le courage d’Urbain, mais l’excellence de ses intentions ne l’empêchait pas de déplorer la violence de son caractère qui rendit souvent inutiles ses meilleurs efforts. Elle ne cessait de lui recommander la douceur et la patience.

Cependant Clément VII se préparait à soutenir son élection par la force des armes. Après avoir pris à sa solde les terribles bandes qu’il s’était attachées par le pillage de l’Italie, il vint mettre le siège devant Rome.

Catherine déplorait amèrement la nécessité où se trouvait le pape de tirer le glaive pour la défense des droits de l’Église, mais quand le recours aux armes fut devenu inévitable, elle eut pour les combattants les plus nobles encouragements.

On attribua à ses prières la victoire remportée par les partisans d’Urbain.

Presque tous les souverains s’étaient déclarés en faveur de l’anti-pape. Catherine déploya une activité merveilleuse pour les ramener à l’obédience d’Ur-