en quelque sorte aérien, elle semblait un ange plutôt qu’une créature mortelle.
Durant le dernier carême que l’angélique pénitente passa sur la terre, tous les soirs, au soleil couchant un petit oiseau à la voix délicieuse volait près de sa cellule, se posait sur un arbre voisin et attendait que Rose l’invitât à chanter. Dès qu’elle l’apercevait : « Chante, lui disait-elle, ravie d’allégresse, chante et je répondrai. Chante, loue ton Créateur, moi je louerai mon cher Sauveur ».
Aussitôt l’oiseau se mettait à chanter. Il chantait comme éperdu de joie et de tendresse, puis se taisait, et attendait que Rose chantât à son tour. Sa voix était fort belle, vraiment digne de cette lutte mélodieuse et pendant quelque temps, l’oiseau et la sainte chantaient alternativement les louanges de Dieu. Vers la sixième heure, à l’approche de la nuit soudaine des tropiques, Rose congédiait l’oiseau qui s’envolait pour revenir à la même heure le lendemain.
La sainte savait que le jour éternel allait luire bientôt pour elle et, il lui fut annoncé que ce qui lui restait à souffrir surpassait incomparablement tout ce qu’elle avait souffert. L’ange expiateur accepta tout avec la plus amoureuse soumission.
Le chant, sublime expression de l’âme et de la vie, s’échappait souvent de ses lèvres, et dans des paroles d’un rythme admirable, elle recommandait sa mère à Dieu.
Ainsi qu’il lui avait été annoncé le 31 juillet 1617, elle fut tout à coup saisie de douleurs affreuses et ces souffrances horribles augmentèrent sans cesse pendant les vingt-quatre jours que la maladie dura, mais la sainte resta toujours soumise et patiente.
À mesure qu’elle approchait de la dissolution de son corps, son âme devenait plus forte, plus sereine. Ses ravissements étaient aussi plus fréquents. Revenant de l’une de ces extases, Rose dit au religieux qui l’assistait.
« Ô mon Père, s’il me restait plus de temps, quelles choses ineffables j’aurais à vous dire de l’éternité et