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Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/154

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jeanne leber

ses manières : elle fit un gracieux accueil aux curieux dont l’un était ministre luthérien.

Ils l’entretinrent longuement ; ils ne se lassaient point de la considérer, d’examiner son grossier mobilier, son étroit réduit. Au moment de partir, le ministre, qui se heurtait à l’inexplicable, lui demanda pourquoi elle s’était condamnée à cette vie affreuse, elle qui aurait pu jouir de tous les bonheurs, de toutes les délices de la terre.

À cette question faite avec une intention sincère, elle sourit et répondit : « Il y a ici un aimant qui m’a attirée, qui me retient, invinciblement. »

L’autre la pressant de s’expliquer, elle ouvrit la petite fenêtre par laquelle elle recevait la communion, se prosterna et dit, tendant les bras vers l’autel :

« Voilà l’aimant, qui me retient. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ réellement et véritablement présent, dans l’Eucharistie. Pour avoir le bonheur de vivre toujours auprès de Lui, j’ai sacrifié les aises, les jouissances de la vie. J’ai renoncé à tout. »

Et emportée par l’amour, elle se mit à leur parler de ce mystère, mais avec des paroles si pénétrantes, si enflammées que les deux étrangers en furent profondément émus.

Ils ne se lassaient point de parler de leur visite. Après leur retour en Angleterre, le souvenir de la séraphique Canadienne leur revint souvent. Ses paroles avaient fait au cœur du ministre une impression vive, brûlante, ineffaçable, et l’on dit qu’il mourut catholique.



« Je crois que ceux qui prient font plus que ceux qui combattent » n’a pas craint d’écrire Donoso Cortès.