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Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/173

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l’abbé de calonne


Les Irlandais et les Écossais établis à l’île du Prince-Édouard se déshonoraient par une crapuleuse ivrognerie. M. de Calonne, qui savait l’anglais, entreprit de les arracher à leur dégradante passion. À cette tâche rebutante, il mit tout son zèle, toute sa robuste volonté, mais le succès fut loin de répondre à ses efforts.

Désolé et rêvant d’une immolation encore plus complète, il voulait apprendre la langue des Micmacs, afin de se dévouer à ces sauvages privés de missionnaires depuis la mort du Père Maillard.

Mgr Plessis l’en dissuada. Le grand évêque jugea qu’il ferait plus de bien parmi son peuple et le nomma aumônier des Ursulines des Trois-Rivières.



C’est à l’automne de 1807 que l’abbé de Calonne nous arriva. La curiosité était vive à l’endroit de ce chapelain grand seigneur.

Il avait brillé à la cour, il avait assisté à ces commotions terribles de la Révolution qui, chez nous, avaient si fortement remué les cœurs. Inutile de dire que son arrivée fit sensation. Et faut-il ajouter que le mérite de l’émigré était relevé par la suprême distinction de sa personne. L’âge n’avait fait qu’argenter ses cheveux. Sa taille restait noble,