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Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/44

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mère marie de saint-joseph

le nom de Marie et, dès son bas âge, ce nom fut à l’enfant, un grand sujet de joie.

Elle disait sans cesse qu’elle voulait être religieuse.

Cela amusait fort son père dont elle était les délices. Pour l’exciter, il assurait qu’il allait la marier avec un petit gentilhomme du voisinage et pour donner de la couleur à ses paroles, il lui apportait souvent des cadeaux qu’il disait envoyés par ce futur mari. M. de la Troche avait grand soin de choisir ce qui pouvait le plus charmer l’enfant. Mais elle repoussait tous les cadeaux avec indignation, protestant, en pleurant, qu’elle n’aimerait jamais que Dieu.

Jamais fillette ne fut plus attachante, plus aimée, ni plus frêle. Elle semblait pétrie de grâces et de faiblesse. Mais dès lors, on pouvait juger qu’elle avait un grand sens et un grand cœur.

À douze ans, Marie de la Troche était l’amie, la protectrice des pauvres, la joie et l’orgueil de sa famille. Mais déjà la vie religieuse l’attirait. C’est dans l’austérité du cloître qu’elle voulait passer les années de la légèreté, de la gaieté, de la première fleur, et elle pressait ses parents de la laisser offrir à Dieu un sacrifice entier.

Elle avait quatorze ans quand elle obtint d’entrer au noviciat des Ursulines de Tours. Contre toute attente, sa débile santé s’y fortifia.

M. et Mme de la Troche étaient trop chrétiens pour refuser leur fille à Dieu. Ils éprouvèrent pourtant sa vocation jusqu’à la fin, par tous les moyens que la plus vive, la plus passionnée tendresse peut inventer. La fragile enfant sut résister aux entraînements de son cœur ; elle déploya une force qui étonna les plus ferventes religieuses et fit profession sous le nom de Marie de Saint-Bernard.

C’est pour obtenir la grâce de venir au Canada, affronter la faim, le froid, les fatigues, les misères de toutes sortes