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silhouettes canadiennes

On avait vite le crâne dégarni de sa peau, et à Ville-Marie, pour franchir le seuil de sa porte un homme prenait les armes. Marguerite Bourgeoys ne semble avoir jamais eu le moindre souci du danger, et partout où il y avait quelque bien à faire, on la voyait accourir.

Vénérée de tous, elle l’était particulièrement de Maisonneuve. Le héros lui ouvrait toute son âme et c’est elle qui l’engagea à faire le vœu de chasteté.

Aux heures d’abattement, ne devait-il pas chercher auprès d’elle la consolation, la confiance ? Que de fois, sans doute, il l’entretint de ses craintes, de ses espérances, des rêves de beauté et de gloire que son mâle esprit caressait pour sa ville. Le cher projet de bâtir une chapelle à la Vierge dut être discuté bien souvent, au foyer du fort, durant les longues soirées. On ne saurait dire avec quel zèle Marguerite Bourgeoys poursuivit ce dessein, ni ses patientes, ses saintes industries.

Si Dieu glorifiait toujours devant les hommes l’ardente bonne volonté, comme il l’a fait une fois d’après une gracieuse tradition, au frontispice de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours, un ange aurait écrit : « Marguerite m’a bâtie. »

Jeanne Loysel, la première enfant qui vécut à Montréal, lui fut confiée à l’âge de quatre ans. Jean Desroches vint ensuite, et le 30 avril 1657, peu après l’arrivée des Sulpiciens qui amenèrent quelques familles, la Sœur Marguerite ouvrit une école. Mais combien rudes et humbles furent les commencements de son œuvre !