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8 juillet.

Je me sens souvent inquiète et troublée. Où est le calme, la sereine insouciance de ma jeunesse ? Je suis bien différente de moi-même, de ce pauvre moi que je croyais connaître. J’aurais besoin de solitude. La vie d’hôtel m’ennuie. Il y a de l’autre côté de la baie, au bas du Cap-à-l’Aigle, une maison dont la situation isolée me plairait beaucoup. Là, rien ne me distrairait de la vue et du bruit de la mer.

« Plein de monstres et de trésors, toujours amer quoique limpide, jamais si calme qu’un souffle soudain ne le puisse troubler effroyablement ; est-ce l’océan ou le cœur de l’homme ?

« Riche et immense, et voulant toujours s’enrichir et s’agrandir, toujours prompt à franchir ses limites, toujours contraint d’y rentrer, emprisonné par des grains de sable ; est-ce le cœur de l’homme ou l’océan ?

« Océan ! cœur de l’homme ! quand vous avez bien mugi, bien déchiré les rivages, vous emportez pour butin quelques stériles débris qui se perdent dans vos abîmes ! »


12 juillet.

Enfin, je connais la cause de sa tristesse, et je sais aussi quel est ce sentiment que je prenais pour une admiration vive.

Pourquoi suis-je restée ici ? J’aurais dû le fuir. Maintenant c’est trop tard.