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II

FÊTE DE SAINT BERNARD

Saint Bernard disait à la sainte Vierge : « Je consens à n’entendre jamais parler de vous, si quelqu’un peut dire qu’il vous a invoquée sans être secouru. » Bon saint ! Je veux me rappeler cette parole, chaque fois que je dirai le Souvenez vous pour Francis.

Oh ! auguste Vierge, ma douce mère, je vous en prie, faites que mon amour pour lui ne déplaise, jamais à vos yeux très-purs, et daignez vous-même l’offrir à Dieu.

Cette après-midi, j’étais sur la grève avec plusieurs amies. On parla du prochain départ de M. Douglas pour l’Écosse. Je n’y crus pas, et pourtant quel poids ces paroles me mirent sur le cœur ! Si c’était vrai… s’il devait partir, me disais-je… et ne faudra-t-il pas qu’il parte un jour ? Cette pensée me bouleversait, m’accablait. Comme je me sentais absorbée, je pris un prétexte pour m’éloigner. Ne plus jamais l’entendre ! Ne plus jamais le voir !

Ô mon Dieu, quel serait donc le malheur de vous perdre pour jamais, puisque la seule pensée d’être séparée de lui me faisait si cruellement souffrir !

Je marchais au hasard sur la grève ; tout à coup, apercevant le clocher qui brillait au soleil, je pensai à celui qui a de la consolation pour toutes les douleurs, et je me dirigeai vers