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Page:Conan - Un amour vrai, circa 1897.djvu/24

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riter par n’importe quelles couleurs, par n’importe quels sacrifices. Et vous, ma divine mère, je vous promets de vous aimer, de vous honorer pour lui et pour moi, en attendant qu’il vous connaisse.

Comme je m’agenouillais devant l’autel de la sainte Vierge, pour lui confirmer cette promesse, la lumière du soleil, glissant à travers les rideaux, fit à la statue comme une auréole de joie et de gloire ; son doux visage sembla sourire.

Je sortis très-calme et très-heureuse. M. Douglas m’avait attendue. Il parla peu le long du chemin et ne fit aucune allusion à ce qui s’était passé entre nous, mais nous nous comprenions parfaitement. Sur le rivage, une pauvre femme ramassait péniblement les branches apportées par la mer.

— Rendons-la heureuse aussi, dit Francis.

Il me donna sa bourse et je la remis à la pauvre vieille, qui la reçut en nous bénissant.

Nous marchions en silence.

Jamais je ne m’étais sentie si heureuse de vivre.

Les oiseaux chantaient, la mer chantait et mon âme aussi chantait. Il me semblait respirer la vie dans les senteurs des bois, dans les parfums de la mer. À l’horizon, le soleil baissait. Nous nous assîmes sur les rochers pour le regarder coucher. Je n’oublierai jamais ce tableau : devant nous, le Saint-Laurent si beau