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Après les funérailles, on m’apporta un billet de M. Douglas. Il m’annonçait qu’il s’éloignait pour quelque temps, et s’engageait à me donner bientôt de ses nouvelles. Quelques jours plus tard, je reçus la lettre suivante :

Madame,

Je laisse Montréal immédiatement après les funérailles de Thérèse, car j’avais besoin de la plus profonde solitude pour pleurer et remercier Dieu. Oh ! madame, Dieu est bon ! Ma céleste Thérèse le disait au milieu des douleurs de la mort, et le même cri s’échappe sans cesse de mon cœur déchiré. Tout est fini pour moi sur la terre, et pourtant je succombe sous le poids de la reconnaissance, car la lumière s’est faite dans mes ténèbres et je suis catholique, oui, catholique. Ah ! béni soit Dieu qui m’a donné la foi ! Quel bonheur de le dire à Thérèse, de remercier Dieu avec elle ! Mais ce serait trop doux pour cette pauvre terre, où le bonheur n’existe pas.

Je sais que ma conversion vous sera une consolation bien grande, aussi vous parlerai-je avec la confiance la plus entière. Vous connaissiez, madame, mon éloignement pour le catholicisme ou plutôt vous ne le connaissiez pas, car dans nos relations je dissimulais soigneusement mes préjugés, pour ne pas affliger Thérèse. Mais quand elle me dit qu’elle comptait sur ma conversion, je crus devoir ne pas lui laisser d’illusions là-dessus. Comme elle devait me plaindre et prier pour moi !