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à Dieu son bonheur et sa vie pour obtenir sa conversion. Après son baptême, Francis revint à Montréal et passa quelque temps chez moi. Sa première visite avait été pour la tombe de sa fiancée. Je le revis avec un déchirant bonheur. Il me fit prendre place sur le sofa où il avait si souvent causé avec Thérèse, et quand il put parler, il m’entretint de Dieu et d’elle. Toujours généreux il s’efforçait, pour ne pas ajouter à ma peine, de me cacher l’excès de sa douleur, et parlait surtout des joies de sa communion ; mais sa douleur éclatait malgré lui, avec des accents qui déchiraient le cœur. Et pourtant, avec quel ravissement il parlait de son baptême et de sa première communion ! Ah ! si Thérèse eût été là pour le voir et l’entendre ! Ce jeune homme comblé de grâces si grandes m’inspirait une sorte de vénération. Je ne pouvais détacher mes yeux de sa belle tête blonde, sur laquelle l’eau du baptême venait de couler. Il avait beaucoup maigri et pâli pendant ces deux semaines, mais la joie profonde du converti se lisait dans ses yeux fatigués par les larmes. Jamais je n’ai compris la puissance de la foi, comme en le regardant et l’écoutant. Quand ce cœur si cruellement déchiré éclatait en transports d’actions de grâces, je me rappelais les martyrs qui chantaient dans les tortures.

Tous les jours il s’enfermait dans la chambre de Thérèse, et passait là des heures entières. On n’y avait rien changé. La petite table qui avait servi d’autel était encore là avec ses cierges et ses fleurs. Le bouquet de roses, dernier don de