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continuel, absolu, jusqu’à l’immolation parfaite et constante de moi-même. Ce souhait me fit éprouver une émotion profonde. Il me sembla que je n’avais jamais entendu rien d’aussi doux, ni d’aussi terrible. Je remerciai le saint vieillard, et lui avouai que je n’étais qu’un faux brave, que les mots de renoncement et d’immolation me faisaient frémir. Il m’écouta avec une aimable indulgence, et sourit en m’entendant parler de mes craintes, comme nous faisons quand les enfants nous parlent de leurs frayeurs imaginaires. Ce sourire, je vous l’assure, en disait plus que n’importe quelle parole, sur cette folie qui nous fait craindre de souffrir pour Dieu. Puis, comme j’allais le saluer pour me retirer, le révérend Père me dit agréablement :

— Mais je devrais vous gronder pour avoir tardé à tout me dire.

Je lui baisai les mains, et l’assurai que je serais le plus confiant de ses religieux, comme j’étais peut-être déjà celui qui l’aimait le plus. Cela le fit sourire, et il me répondit aimablement :

— Mon enfant, le vieux moine vous aime aussi.

Le P. Supérieur doit vous renvoyer dans ma lettre le portrait et les cheveux de Thérèse. En les recevant vous auriez cru peut-être que son souvenir m’était moins cher, moins sacré, et cette pensée, je le sais, vous serait bien pénible. Voilà pourquoi je vous ai tout dit sur cette première et bien sensible épreuve de ma vie religieuse.