Page:Conan - Un amour vrai, circa 1897.djvu/62

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Thérèse protestait qu’elle m’aimerait plus au ciel que sur la terre, et moi, en présence des anges gardiens de ce monastère, je vous promets que tous les jours de ma vie je remercierai Dieu de l’avoir connue, et de l’avoir aimée. Je ne visiterai plus sa tombe, je ne parlerai plus jamais d’elle ; la robe blanche des chartreux va remplacer mes habits de deuil, mais ma tendresse pour elle vivra toujours.

Priez pour moi, je ne vous oublierai jamais, et de ma cellule, je demanderai à Jésus-Christ qu’il mette sa main sur la profonde blessure de votre cœur, sa divine main, qui pour l’amour de nous fut attachée à la croix.

Adieu, une dernière fois.

Permettez que je termine par une parole de saint Augustin, la première que j’ai lue sur les murs de la Chartreuse : Ô aimer ! Ô mourir à soi ! Ô parvenir à Dieu !


Le portrait et les cheveux de Thérèse étaient joints à la lettre. M. Douglas ne m’écrivit plus, mais ma pensée le suivit avec respect et attendrissement dans les exercices de sa vie religieuse, si noble et si sainte. Je me le représentais priant dans sa chaste et pauvre cellule. Je savais que le souvenir charmant et sacré de ma fille chérie vivait dans son cœur, que tous les jours, suivant sa parole, il remerciait Dieu de l’avoir aimée, et cette pensée m’était singulièrement douce.