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renouvela ses instantes prières pour qu’il les emmenât à Montréal.

Dans l’état où se trouvait Ville-Marie, y tenter un établissement de religieuses cloîtrées eût été un acte d’insigne folie. Maisonneuve n’eut pas de peine à le prouver.

Mais sa sœur ne voulait pas accepter ce nouveau refus et, dans l’espoir de disposer son frère à les emmener, elle lui parla de Marguerite Bourgeoys, présidente de la Congrégation externe, et des avantages inappréciables que sa colonie pourrait retirer d’une fille de cette valeur et de cette vertu.

Elle parla si bien, avec tant de conviction que Maisonneuve désira la connaître et pria sa sœur de la faire appeler. On l’envoie donc chercher. Mais à peine entrée dans le parloir, Marguerite, apercevant Maisonneuve, s’arrête et toute saisie de surprise, s’écrie : « Voilà celui que j’ai vu dans mon rêve ! »

Naturellement, on voulut avoir l’explication de cette étrange exclamation et Marguerite raconta son songe.

Les religieuses riaient, mais le fondateur de Montréal ne partageait pas cette gaieté, un sentiment extraordinaire de respect et de confiance le pénétrait. À peine eut-il vu, eut-il entendu Marguerite qu’il eut en elle une foi profonde, absolue. Il comprenait que cette jeune fille était un grand don de Dieu à sa colonie naissante, et sans hésiter, il lui demanda si elle consentirait à se dévouer à l’œuvre de Montréal. « Oui, dit-elle, si mes supérieures l’approuvent, j’irai avec bonheur à Ville-Marie. »

Fort surprises de ce dénouement, les religieuses protestèrent, mais sans succès. La décision du héros était prise. Alors, dit M. Faillon, ces généreuses femmes