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Sa confiance obtint des prodiges et le miraculeux rétablissement de la Congrégation augmenta la vénération que la Sœur Bourgeoys inspirait.

Les écrits du temps en fournissent de nombreuses preuves. Après avoir rappelé ce que cette fille de grâce avait fait pour le pays, l’annaliste de l’Hôtel-Dieu ajoute : « Les affaires spirituelles et temporelles réussissent toujours entre ses mains, parce que c’est l’amour de Notre-Seigneur qui la fait agir et lui donne l’intelligence. Elle vit encore aujourd’hui en odeur de sainteté, si humble, si rabaissée, qu’elle inspire l’amour de l’humilité, rien qu’à la voir. »

« Nous l’avons connue, dit Leclercq[1], pleine de l’esprit de Dieu, de sagesse et d’expérience, d’une constance invincible à tous les obstacles qu’elle a trouvés à son dessein. »

« Je ne crois pas, écrivait le Supérieur des Jésuites de Québec, avoir jamais connu de fille aussi vertueuse que la Sœur Bourgeoys, tant j’ai remarqué en elle de grandeur d’âme, de foi, de confiance en Dieu, de zèle, d’humilité, de mortification. »

Jamais on n’a tenu la nature plus sous ses pieds. L’amour l’avait jetée sur la croix et la consuma sur la croix. La souffrance faisait sa gloire et ses délices.

Que dire de cette ferveur d’esprit, de cette prière intense qui ranimait son corps épuisé et lui tenait lieu de repos : « Ô gémissements ! ô cris de la nuit pénétrant les nues, perçant jusqu’à Dieu ! ô fontaines de larmes, source de joie ! »[2].

Sans cesse elle intercédait pour cette nouvelle église, et le curé de Ville-Marie, M. Souart, voyait dans sa prière un rempart puissant, invincible.

  1. Premier établissement de la foi.
  2. Bossuet.