Page:Conciliation internationale, numéros 5 à 12, mars à décembre 1910.djvu/142

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en ouvrages scientifiques. Les Russes n’ont donc plus besoin, dans une aussi grande mesure qu’en 1770, de connaître une langue étrangère pour acquérir une haute culture intellectuelle ; à ce point de vue, on peut dire que le français a reculé chez eux. Le professeur Diels, recteur de l’université de Berlin, dit que le canon d’Iéna détrôna le français en Prusse ; le dernier mémoire de l’Académie de Berlin, rédigé en français, parut en 1807. On voit que le français est précisément détrôné ici de son rôle de langue partiellement nationale[1]. En effet, il était parfaitement anormal que les mémoires d’une académie prussienne, fussent rédigés en français et non en allemand. Mais le recul du français, comme langue partiellement nationale, ne signifie nullement son recul comme idiome auxiliaire international ; ce dernier recul n’aurait lieu que si une autre langue commençait a évincer le français de ce rôle ; or nous n’observons rien de pareil. Dans les salons de St-Pétersbourg et de Moscou, on parle actuellement le russe plus qu’on ne le parlait en 1770 ; mais lorsque on parle une langue étrangère, c’est toujours plus le français que l’anglais ou l’allemand. Si le français avait été

  1. Voici l’un des nombreux revers de la médaille de nos victoires. On ne parle que de la gloire, mais on ne dit rien des sacrifices qu’elles ont coûtés et des lendemains qui les ont suivies, sans compter Waterloo et Sedan et le fardeau de la paix armée.