Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/144

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si nous sçavons la règler[1]

§. 76. Les liaisons d’idées se font dans l’imagination de deux manières : quelquefois volontairement, & d’autre fois elles ne sont que l’effet d’une impression étrangère. Celles-là sont ordinairement moins fortes, desorte que nous pouvons les rompre plus facilement : on convient qu’elles sont d’institution. Celles-ci sont souvent si bien cimentées, qu’il nous est impossible de les détruire :

  1. Je n’ai pris jusqu’ici l’imagination que pour l’opération qui réveille les perceptions en l’absence des objets : mais actuellement que je considère les effets de cette opération, je ne trouve aucun inconvénient à me rapprocher de l’usage, & je suis même obligé de le faire : c’est pourquoi je prends dans ce chapitre l’imagination pour une opération, qui, en réveillant les idées, en fait à notre gré des combinaisons toujours nouvelles. Ainsi le mot d’imagination aura désormais chez moi deux sens différens : mais cela n’occasionnera aucune équivoque ; parce que par les circonstances où je l’employerai, je déterminerai à chaque fois le sens que j’aurai particulièrement en vue.