Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/146

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mort. L’attention ne peut donc manquer à la première occasion de former cette liaison ; elle doit même la rendre d’autant plus forte, qu’elle y est déterminée par le motif le plus pressant : la conservation de notre être.

Mallebranche a crû cette liaison naturelle, ou en nous dès la naissance. « L’idée, dit-il, d’une grande hauteur que l’on voit au-dessous de soi, & de laquelle on est en danger de tomber, ou l’idée de quelque grand corps qui est prêt à tomber sur nous & à nous écraser, est naturellement liée avec celle qui nous représente la mort, & avec une émotion des esprits, qui nous dispose à la fuite, & au désir de fuir. Cette liaison ne change jamais, parce qu’il est nécessaire qu’elle soit toujours la même ; & elle consiste dans une disposition des fibres du cerveau, que nous avons dès notre enfance[1]. »

  1. Recherche de la Vér. liv. 2. c. 5.