Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/176

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quand on ne l’éprouve plus ? C’est en considérant les effets qu’il a produits. Dans cette occasion la connoissance des effets doit conduire à la connoissance de leur cause, & cette cause ne peut être que quelqu’une des opérations dont nous avons déja fait l’analyse.

Quand les passions nous donnent de violentes secousses, ensorte qu’elles nous enlèvent l’usage de la réflexion, nous éprouvons mille sentimens divers. C’est que l’imagination plus ou moins excitée, selon que les passions sont plus ou moins vives, réveille avec plus ou moins de force les sentimens qui ont quelque rapport, &, par conséquent, quelque liaison avec l’état où nous sommes.

Supposons deux hommes dans les mêmes circonstances, & éprouvant les mêmes passions, mais dans un inégal dégré de force. D’un côté prenons pour exemple le vieil Horace, tel qu’il est dépeint dans Corneille, avec cette ame romaine qui lui feroit sacrifier ses propres enfans au salut de la république. L’impression