Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/180

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que ces expressions abrégées réveillent en même temps, elles ont l’avantage de frapper l’ame d’une manière admirable ; & sont, pour cette raison, ce qu’on nomme sublime.

En conséquence de ces analyses voici la notion que je me fais de l’enthousiasme ; c’est l’état d’un homme qui, considérant avec effort les circonstances où il se place, est vivement remué par tous les sentimens qu’elles doivent produire, & qui, pour exprimer ce qu’il éprouve, choisit naturellement parmi ces sentimens celui qui est le plus vif, & qui seul équivaut aux autres, par l’étroite liaison qu’il a avec eux. Si cet état n’est que passager, il donne lieu à un trait ; & s’il dure quelque temps, il peut produire une pièce entière. En conservant son sang froid, on pourroit imiter l’enthousiasme, si l’on s’étoit fait l’habitude d’analyser les beaux morceaux que les poëtes lui doivent. Mais la copie seroit-elle toujours égale à l’original ?

§. 106. L’esprit est proprement l’instrument avec lequel on acquiert