Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/205

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ou trois à trois ; & si je veux aller plus loin, il me faudra bientôt considérer plusieurs unités comme une seule, & les réunir pour cet effet à un seul objet.

§. 2. Locke[1] parle de quelques américains qui n’avoient point d’idées du nombre mille, parce qu’en effet ils n’avoient imaginé des noms que pour compter jusqu’à vingt. J’ajoute qu’ils auroient eu quelque difficulté à s’en faire du nombre vingt-un. En voici la raison.

Par la nature de notre calcul, il suffit d’avoir des idées des premiers nombres, pour être en état de s’en faire de tous ceux qu’on peut déterminer. C’est que, les premiers signes étant donnés, nous avons des règles pour en inventer d’autres. Ceux qui ignoreroient cette méthode, au point d’être obligés d’attacher chaque collection à des signes qui n’auroient point d’analogie entre

  1. L. II. ch. 16. §. 6. Il dit qu’il s’est entretenu avec eux.