Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/222

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de l’esprit ; mais l’esprit d’un homme privé du commerce des autres est si peu exercé & si peu cultivé, qu’il ne pense qu’autant qu’il y est indispensablement forcé par les objets extérieurs. Le plus grand fonds des idées des hommes est dans leur commerce réciproque. »

§. 14. Ce fait est rapporté dans les mémoires de l’académie des sciences[1]. Il eut été à souhaiter qu’on eut interrogé ce jeune homme sur le peu d’idées qu’il avoit, quand il étoit sans l’usage de la parole ; sur les premières qu’il acquit depuis que l’ouie lui fut rendue ; sur les secours qu’il reçut, soit des objets extérieurs, soit de ce qu’il entendoit dire, soit de sa propre réflexion, pour en faire de nouvelles ; en un mot, sur tout ce qui put être à son esprit une occasion de se former. L’expérience agit en nous de si bonne heure, qu’il n’est pas étonnant

  1. Année 1703, p. 18.