Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/244

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Ces sortes d’idées ne sont donc que des dénominations que nous donnons aux choses envisagées par les endroits par où elles se ressemblent : c’est pourquoi on les appelle idées générales. Mais ce n’est pas assez d’en connoître l’origine ; il y a encore des considérations importantes à faire sur leur nécessité,

    aussi à ces individus : ainsi les noms de nourrice & de manan, dont se servent les enfans, se rapportent uniquement à ces personnes. Quand après cela le temps & une plus grande connoissance du monde leur a fait observer qu’il y a plusieurs autres êtres, qui par certains communs rapports de figure & de plusieurs autres qualités ressemblent à leur père, à leur mere & autres personnes qu’ils ont accoutumés de voir, ils forment une idée à laquelle ils trouvent que tous ces êtres particuliers participent également, & ils lui donnent, comme les autres, le nom d’homme. Voilà comment ils viennent à avoir un nom général & une idée générale. En quoi ils ne forment rien de nouveau, mais écartant seulement de l’idée complexe qu’ils avoient de Pierre, de Jacques, de Marie & d’Elisabeth, ce qui est particulier à chacun d’eux, ils ne retiennent que ce qui leur est commun à tous. » Liv. 3. ch. 3. §. 7.