Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/84

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exactitude de subtilité, ne soient pas capables d’apporter dans les sciences toute la justesse nécessaire pour y réussir.

§. 26. En remarquant, comme je viens de le faire, la différence qui se trouve entre les perceptions qui ne nous quittent que dans le sommeil, & celles que nous n’éprouvons, quoiqu’éveillés, que par intervalles ; on voit aussitôt jusqu’où s’étend le pouvoir que nous avons de les réveiller : on voit pourquoi l’imagination retrace, à notre gré, certaines figures peu composées ; tandis que nous ne pouvons distinguer les autres que par les noms que la mémoire nous rappelle : on voit pourquoi les perceptions de couleur, de goût, etc. Ne sont à nos ordres qu’autant qu’elles nous sont familières ; & comment la vivacité, avec laquelle les idées se reproduisent, est la cause des songes & de la folie : enfin, on apperçoit sensiblement la différence qu’on doit mettre entre l’imagination & la mémoire.