l’homme que je suppose n’a point de moyens pour se le rappeller de lui-même ; puisqu’il n’a à sa disposition aucune des choses qui y pourroient être liées. Il ne dépend donc point de lui de réveiller l’idée qui y est attachée. Ainsi l’exercice de son imagination n’est point encore à son pouvoir.
§. 38. Quant aux cris naturels, cet homme les formera, aussitôt qu’il éprouvera les sentimens ausquels ils sont affectés. Mais ils ne seront pas, dès la première fois, des signes à son égard ; puisqu’au lieu de lui réveiller des perceptions, ils n’en seront que des suites.
Lorsqu’il aura souvent éprouvé le même sentiment, & qu’il aura, tout aussi souvent, poussé le cri qui doit naturellement l’accompagner ; l’un & l’autre se trouveront si vivement liés dans son imagination, qu’il n’entendra plus le cri qu’il n’éprouve le sentiment en quelque manière. C’est alors que ce cri sera un signe. Mais il ne donnera de l’exercice à l’imagination de cet homme que