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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/116

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ils furent obligés d’inventer la rime.

§. 69. Il n’est pas difficile d’imaginer par quels progrès la poësie est devenue un art. Les hommes, ayant remarqué les chûtes uniformes & régulières que le hasard amenoit dans le discours, les différens mouvemens produits par l’inégalité des syllabes & l’impression agréable de certaines inflexions de la voix, se firent des modèles de nombre & d’harmonie, où ils puisèrent peu à peu toutes les règles de la versification. La musique & la poësie sont donc naturellement nées ensemble.

§. 70. Ces deux arts s’associèrent celui du geste, plus ancien qu’eux, & qu’on appelloit du nom de danse. D’où nous pouvons conjecturer que, dans tous les temps & chez tous les peuples, on auroit pu remarquer quelque espèce de danse, de musique & de poësie. Les romains nous apprennent que les gaulois & les germains avoient leurs musiciens & leurs poëtes : on a observé, de nos jours, la même chose par rapport