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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/134

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car ceux à qui on vouloit faire connoître sa pensée, étoient encore trop peu exercés, pour songer à se les rappeller dans le dessein d’en interpréter le sens. Mais l’attention qu’on donnoit sans effort à l’objet indiqué, facilitoit l’intelligence de l’action. Il me semble même qu’aujourd’hui ce seroit encore la manière la plus naturelle de se servir de ce langage.

Le verbe venant après son régime, le nom qui le régissoit, c’est-à-dire le nominatif, ne pouvoit être placé entre deux ; car il en auroit obscurci le rapport. Il ne pouvoit pas non plus commencer la phrase, parce que son rapport avec son régime eut été moins sensible. Sa place étoit donc après le verbe. Par-là, les mots se construisoient dans le même ordre dans lequel ils se régissoient ; unique moyen d’en faciliter l’intelligence. On disoit fruit vouloir Pierre, pour Pierre veut du fruit ; & la première construction n’étoit pas moins naturelle que l’autre l’est actuellement. Cela se prouve par la