Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/158

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, & dont on pouvoit faire mille applications différentes. Ces vices sont passés jusques dans les ouvrages des philosophes, & sont le principe de bien des erreurs.

Nous avons vu, en parlant des noms des substances, que ceux des idées complexes ont été imaginés avant les noms des idées simples[1] : on a suivi un ordre tout différent, quand on a donné des noms aux notions archétypes. Ces notions n’étant que des collections de plusieurs idées simples que nous avons rassemblées à notre choix, il est évident que nous n’avons pu les former qu’après avoir déjà déterminé, par des noms particuliers, chacune des idées simples que nous y avons voulu faire entrer. On n’a, par exemple, donné le nom de courage à la notion dont il est le signe, qu’après avoir fixé par d’autres noms les idées de danger, connoissance du danger, obligation de s’y exposer, & fermeté à remplir cette obligation.

  1. Ci-dessus §. 82.