Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XII.

Des inversions.

§. 117. Nous nous flattons que le François a, sur les langues anciennes, l’avantage d’arranger les mots dans le discours, comme les idées s’arrangent d’elles-mêmes dans l’esprit ; parce que nous nous imaginons que l’ordre le plus naturel demande qu’on fasse connoître le sujet dont on parle, avant d’indiquer ce qu’on en affirme ; c’est-à-dire, que le verbe soit précédé de son nominatif & suivi de son régime. Cependant nous avons vu que, dans l’origine des langues, la construction la plus naturelle exigeoit un ordre tout différent.

Ce qu’on appelle ici naturel varie nécessairement selon le génie des langues, & se trouve dans quelques-unes plus étendu que dans d’autres. Le latin en est la preuve ; il allie des constructions tout-à-fait contraires,