Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/184

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cette habitude, qu’on diroit que nous ne voyons le rapport de deux mots, qu’autant qu’ils se suivent immédiatement.

§. 124. Si nous comparons le François avec le Latin, nous trouverons des avantages & des inconvéniens de part & d’autre. De deux arrangemens d’idées également naturels, notre langue n’en permet ordinairement qu’un ; elle est donc, par cet endroit, moins variée & moins propre à l’harmonie. Il est rare qu’elle souffre de ces inversions où la liaison des idées s’altère ; elle est donc naturellement moins vive. Mais elle se dédommage du côté de la simplicité & de la netteté de ses tours. Elle aime que ses constructions se conforment toujours à la plus grande liaison des idées. Par-là, elle accoutume de bonne heure l’esprit à saisir cette liaison, le rend naturellement plus exact, & lui communique peu à peu ce caractère de simplicité & de netteté, par où elle est elle-même si supérieure dans bien des genres. Nous verrons