Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/189

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absentes[1]. Alors l’imagination ne leur représenta que les mêmes images qu’ils avoient déjà exprimées par des actions & par des mots, & qui avoient, dès les commencemens, rendu le langage figuré & métaphorique. Le moyen le plus naturel fut donc de dessiner les images des choses. Pour exprimer l’idée d’un homme ou d’un cheval, on représenta la forme de l’un ou de l’autre ; & le premier essai de l’écriture ne fut qu’une simple peinture.

§. 128. C’est vraisemblablement à la nécessité de tracer ainsi nos pensées que la peinture doit son origine ; & cette nécessité a sans doute concouru à conserver le langage d’action, comme celui qui pouvoit se peindre le plus aisément.

§. 129. Malgré les inconvéniens qui naissoient de cette méthode, les peuples les plus polis de l’Amérique

  1. J’en ai donné les raisons, Ch. VII. de cette Sect.