Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/219

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qui par le rapport qu’ils ont à son caractère, le développent de plus en plus ; & l’analogie devient comme un flambeau dont la lumière augmente sans cesse, pour éclairer un plus grand nombre d’écrivains. Alors tout le monde tourne naturellement les yeux sur ceux qui se distinguent : leur goût devient le goût dominant de la nation : chacun apporte dans les matières auxquelles il s’applique, le discernement qu’il a puisé chez eux : les talens fermentent : tous les arts prennent le caractère qui leur est propre ; & l’on voit des hommes supérieurs dans tous les genres. C’est ainsi que les grands talens, de quelque espèce qu’ils soient, ne se montrent qu’après que le langage a déja fait des progrès considérables. Cela est si vrai, que, quoique les circonstances favorables à l’art militaire & au gouvernement, soient les plus fréquentes ; les généraux & les ministres du premier ordre appartiennent cependant au siècle des grands écrivains. Telle est l’influence des gens