Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/222

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plus fin dans chaque objet.

§. 154. Les philosophes remontent aux raisons des choses, donnent les règles des arts, expliquent ce qu’ils ont de plus cachés, & par leurs leçons augmentent le nombre des bons juges. Mais si l’on considère les arts dans les parties qui demandent davantage d’imagination, les philosophes ne peuvent pas se flatter de contribuer à leurs progrès comme à ceux des sciences, ils paroissent au contraire y nuire. C’est que l’attention qu’on donne à la connoissance des règles, & la crainte qu’on a de paroître les ignorer, diminue le feu de l’imagination : car cette opération aime mieux être guidée par le sentiment & par l’impression vive des objets qui la frappent, que par une réflexion qui combine & qui calcule tout.

Il est vrai que la connoissance des règles peut être très-utile à ceux qui, dans le moment de la composition, donnent trop d’effort à leur génie pour ne les pas oublier, & qui ne se les rappellent que pour corriger