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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/235

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CHAPITRE PREMIER.

De la première cause de nos erreurs, et de l’origine de la vérité.

§. 1. Plusieurs philosophes ont relevé d’une manière éloquente grand nombre d’erreurs qu’on attribue aux sens, à l’imagination et aux passions : mais ils ne peuvent pas se flatter qu’on ait recueilli de leurs ouvrages tout le fruit qu’ils s’en étoient promis. Leur théorie trop imparfaite est peu propre à éclairer dans la pratique. L’imagination et les passions se replient de tant de manières, et dépendent si fort des tempéramens, des tems et des circonstances, qu’il est impossible de dévoiler tous les ressorts qu’elles font agir, et qu’il est très-naturel que chacun se flatte de n’être pas dans le cas de ceux qu’elles égarent.

Semblable à un homme d’un foible tempérament, qui ne releve