Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/246

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circonstances : mais si nous savions nous-mêmes les choisir, nous pourrions faire dans toute occasion ce que le hasard nous fait faire dans quelques-unes, c’est-à-dire, déterminer exactement la signification des mots. Il n’y a pas d’autre moyen pour donner toujours de la précision au langage que celui qui lui en a donné toutes les fois qu’il en a eu. Il faudroit donc se mettre d’abord dans des circonstances sensibles, afin de faire des signes pour exprimer les premières idées, qu’on acquerroit par sensation et par réflexion : et lorsqu’en réfléchissant sur celles-là, on en acquerroit de nouvelles, on feroit de nouveaux noms dont on détermineroit le sens, en plaçant les autres dans les circonstances où l’on se seroit trouvé, et en leur faisant faire les mêmes réflexions qu’on auroit faites. Alors les expressions succéderoient toujours aux idées : elles seroient donc claires et précises, puisqu’elles ne rendroient que ce que chacun auroit sensiblement éprouvé.