Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/256

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choisissant lui-même les idées simples qu’il voudroit leur attacher, et dont il auroit soin de fixer le nombre, il renfermeroit le sens de chacun dans des limites exactes.

§. 20. Mais si l’on ne veut renoncer à la vaine science de ceux qui rapportent les mots à des réalités qu’ils ne connoissent pas, il est inutile de penser à donner de la précision au langage. L’arithmétique n’est démontrée dans toutes ses parties, que parce que nous avons une idée exacte de l’unité, et que par l’art avec lequel nous nous servons des signes, nous déterminons combien de fois l’unité est ajoutée à elle-même dans les nombres les plus composés. Dans d’autres sciences on veut avec des expressions vagues et obscures, raisonner sur des idées complexes, et en découvrir les rapports. Pour sentir combien cette conduite est peu raisonnable, on n’a qu’à juger où nous en serions, si les hommes avoient pû mettre l’arithmétique dans la confusion où se trouvent la métaphysique et la morale.