Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/280

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qu’on ne s’y attendoit point. C’est que les idées dont on s’occupe, se lient naturellement avec la situation où l’on se trouve ; et qu’en conséquence les perceptions qui sont contraires à cette situation, ne peuvent survenir, qu’aussitôt l’ordre des idées ne soit troublé. On peut remarquer la même chose dans une supposition toute différente. Si, pendant le jour et au milieu du bruit, je réfléchis sur un objet, ce sera assez pour me donner une distraction, que la lumière ou le bruit cesse tout-à-coup. Dans ce cas, comme dans le premier, les nouvelles perceptions que j’éprouve sont tout-à-fait contraires à l’état où j’étois auparavant. L’impression subite, qui se fait en moi, doit donc encore interrompre la suite de mes idées.

Cette seconde expérience fait voir que la lumière et le bruit ne sont pas un obstacle à la réflexion : je crois même qu’il ne faudroit que de l’habitude pour en tirer de grands secours. Il n’y a proprement que les révolutions inopinées, qui