Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/36

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harmonie rien n’est appréciable que par la résonnance des corps sonores ; 3°. enfin, que cette résonnance ne donne d’autres sons ni d’autres intervalles, que ceux qui entrent dans le chant.

Il est encore constant que cette déclamation chantante n’avoit rien de choquant pour les anciens. Nous n’apprenons pas qu’ils se soient jamais récriés qu’elle fut peu naturelle, si ce n’est dans des cas particuliers, comme nous faisons nous-mêmes, quand le jeu d’un comédien nous paroît outré. Ils croyoient au contraire le chant essentiel à la poësie. La versification des meilleurs poëtes lyriques, dit Ciceron[1], ne paroît qu’une simple prose, quand elle n’est pas soutenue par le chant. Cela ne prouve-t-il pas que la prononciation, alors naturelle au discours familier, participoit si fort du chant, qu’il n’étoit pas possible d’imaginer un milieu tel que notre déclamation ?

  1. Traité de l’Orateur.