Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/50

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Je renvoye dans une note l’explication de quelques passages que l’abbé Du Bos a tirés des anciens, pour appuyer son sentiment.[1]

  1. Il en rapporte où les Anciens parlent de leur prononciation ordinaire, comme étant simple, & ayant un son continu. Mais il auroit dû faire attention qu’ils n’en parloient alors que par comparaison avec leur musique. Elle n’étoit donc pas simple absolument. En effet lorsqu’ils l’ont considérée en elle-même ils y ont remarqué des accens prosodiques, ce dont la nôtre manque tout-à-fait. Un Gascon qui ne connoîtroit point de prononciation plus simple que la sienne, n’y verroit qu’un son continu, quand il la compareroit aux chants de la Musique : les Anciens étoient dans le même cas.
    Ciceron fait dire à Crassus que quand il entend Laelia, il croit entendre réciter les piéces de Plaute & de Noevius, parce qu’elle prononce uniment, & sans affecter les accens des Langues étrangeres. Or, dit l’Abbé du Bos, Laelia ne chantoit pas dans son domestique. Cela est vrai, mais du tems de Plaute & de Novius la prononciation des Latins participoit déja du chant, puisque la déclamation des piéces de ces Poëtes avoit été notée. Laelia ne paroissoit donc prononcer uniment que parce qu’elle ne se servoit pas des nouveaux accens que l’usage avoit mis à la mode.