Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/58

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dramatiques, étoit obligé de se conformer en tout à la prosodie. Il ne lui étoit pas libre d’allonger une syllabe brève au-delà d’un temps, ni une longue au-delà de deux ; le peuple même l’eut sifflé. L’accent prosodique déterminoit souvent s’il devoit passer à un son plus élevé ou à un son plus grave ; il ne lui laissoit pas le choix. Enfin il étoit autant de son devoir de conformer le mouvement du chant à la mesure du vers, qu’à la pensée qui y étoit exprimée. C’est ainsi que la déclamation, en se conformant à une prosodie qui avoit des règles plus fixes que la nôtre, concouroit, quoique chantante, à faire entendre les paroles distinctement.

§. 28. Il ne faudroit pas se représenter la déclamation des anciens d’après nos récitatifs ; le chant n’en étoit pas si musical. Quant à nos récitatifs, nous ne les avons si fort chargés de musique, que parceque, quelque simples qu’ils eussent été, ils n’auroient jamais pu nous paroître naturels. Voulant introduire le