Aller au contenu

Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chant, d’avoir un geste plus varié : ces deux choses doivent aller ensemble. En effet, si nous remarquons dans la prosodie des grecs & des romains quelques restes du caractère du langage d’action, nous devons, à plus forte raison, en appercevoir dans les mouvemens dont ils accompagnoient leurs discours. Dès-là nous voyons que leurs gestes pouvoient être assez marqués, pour être appréciés. Nous n’aurons donc plus de peine à comprendre qu’ils leurs ayent prescrit des régles, & qu’ils ayent trouvé le secret de les écrire en notes. Aujourd’hui cette partie de la déclamation est devenue aussi simple que les autres. Nous ne faisons cas d’un acteur qu’autant, qu’en variant foiblement ses gestes, il a l’art d’exprimer toutes les situations de l’ame ; & nous le trouvons forcé, pour peu qu’il s’écarte trop de notre gesticulation ordinaire. Nous ne pouvons donc plus avoir de principes certains pour régler toutes les attitudes & tous les mouvemens qui entrent dans la déclamation ;