Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/66

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que le poëte Livius Andronicus, qui jouoit dans une de ses pièces, s’étant enroué à répéter plusieurs fois des endroits que le peuple avoit goûtés, fit trouver bon qu’un esclave récitât les vers, tandis qu’il feroit lui-même les gestes. Il mit d’autant plus de vivacité dans son action, que ses forces n’étoient point partagées ; & son jeu ayant été applaudi, cet usage prévalut dans les monologues. Il n’y eut que les scènes dialoguées, où le même comédien continua de se charger de faire les gestes & de réciter. Des mouvemens qui demandoient toute la force d’un homme, seroient-ils applaudis sur nos théâtres.

§. 34. l’usage de partager la déclamation conduisoit naturellement à découvrir l’art des pantomimes : il ne restoit qu’un pas à faire, il suffisoit que l’acteur qui s’étoit chargé des gestes parvînt à y mettre tant d’expression, que le rôle de celui qui chantoit, parut inutile. C’est ce qui arriva. Les plus anciens écrivains qui ont parlé des pantomimes,